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Dépistage
Objectifs du dépistage
L’objectif du dépistage nutritionnel consiste à détecter la malnutrition et/ou le risque de détérioration de l’état nutritionnel chez les patients hospitalisés dans les 24 heures suivant leur admission à l’hôpital. Le dépistage est la première étape de la Démarche intégrée de soins nutritionnels en contexte de soins aigus adaptée aux enfants (P-INPAC – Pediatric Integrated Nutrition Pathway for Acute Care) et permet d’identifier rapidement les patients chez qui une évaluation plus approfondie s’impose et qui pourraient tirer des bienfaits d’une intervention nutritionnelle visant à prévenir toute nouvelle détérioration de leur état nutritionnel, à réduire la gravité des complications de la maladie, à accélérer le rétablissement et à alléger le fardeau pour le système de soins de santé. 1,2.
a. Qui et quand dépister?
- Les enfants âgés de 1 mois à 18 ans admis à l’hôpital, à l’exclusion de ceux admis en unité de soins intensifs
- Dans les 24 heures suivant l’admission
b. Quel outil de dépistage utiliser?
Il existe tout un éventail d’outils de dépistage nutritionnel à utiliser dans la population hétérogène des enfants hospitalisés3-13. Il est important de choisir l’outil en fonction de l’utilisation clinique, en tenant compte notamment de l’objectif du dépistage, de l’utilisateur de l’outil et du contexte d’utilisation (y compris la maladie et le groupe d’âge).
Voici les critères utilisés dans les hôpitaux pour enfants canadiens et qui justifient également le choix de la démarche P-INPAC :
- Simple et rapide d’utilisation
- Peut être utilisé par les professionnels de la santé qui ne possèdent aucune expérience préalable en évaluation nutritionnelle
- Qui ne repose pas sur l’interprétation de mesures anthropométriques ou de courbes de croissance
- Validé dans des populations générales d’enfants hospitalisés
Outils de dépistage nutritionnel adaptés aux enfants utilisés dans le cadre de la démarche P-INPAC
La démarche P-INPAC recommande l’utilisation d’un outil de dépistage de la malnutrition adapté aux enfants validé, comme STRONGkids (A)14 ou PNST (B) 15, 2 outils qui ont déjà été utilisés dans le cadre d’études menées au Canada.16, 17.
A. Screening Tool for Risk of Impaired Nutritional Status and Growth (STRONGkids)14
Cet outil de dépistage nutritionnel élaboré aux Pays-Bas est conçu pour être utilisé dans les 24 heures suivant l’admission à l’hôpital des enfants âgés de 1 mois à 18 ans. Il comprend des questions couvrant 4 domaines et aucune mesure à proprement dite.
- Domaines couverts :
- Évaluation clinique subjective
- Affection exposant à un risque élevé
- Gains et pertes nutritionnels
- Perte pondérale ou gain pondéral insuffisant
Le niveau de risque est ensuite obtenu en fonction du total des points : 0 = faible risque; 1-3 = risque modéré; 4-5 = risque élevé.
- Selon la démarche P-INPAC, il est recommandé d’utiliser le niveau de risque élevé (4-5 points) comme seuil pour juger un enfant à risque justifiant une évaluation plus approfondie
- Le questionnaire peut être rempli par le personnel infirmier ou n’importe quel autre professionnel de la santé, dans le cadre de la procédure d’admission
- Il faut moins de 5 minutes pour le remplir
B. Pediatric Nutrition Screening Tool (PNST)15
Cet outil de dépistage a été élaboré en Australie pour détecter le risque nutritionnel chez les patients hospitalisés. Il consiste en 4 questions simples pour faciliter le diagnostic clinique chez les patients âgés de 16 ans ou moins.
LIEN VERS LA PAGE WEB DE L'OUTIL
- Domaines couverts :
- Apport nutritionnel
- Perte de poids inexpliquée
- Gain pondéral insuffisant
- Insuffisance pondérale visible
Le résultat du dépistage nutritionnel est positif si la réponse est « oui » à au moins 2 questions. L’outil ne fait pas la distinction entre risque modéré et risque élevé.
- Selon la démarche P-INPAC , il est recommandé d’utiliser un résultat de dépistage positif pour juger un enfant à risque justifiant une évaluation plus approfondie
- Le questionnaire peut être rempli par n’importe quel professionnel de la santé durant la procédure d’admission et aucune expertise en évaluation nutritionnelle n’est requise
- Il faut moins de 3 minutes pour le remplir
Autres outils de dépistage de la malnutrition chez les enfants
Il existe plusieurs autres outils de dépistage nutritionnel dont l’utilisation a été validée dans la population générale des enfants hospitalisés. Ces outils (avec liens et références) sont décrits ICI.
Il existe également des outils de dépistage de la malnutrition spécifiques à certains groupes d’âge, contextes ou maladies. Les références des articles où sont décrites les études menées sur ces outils se trouvent ICI.
c. Qui doit poser les questions d’évaluation et à quel moment?
Le questionnaire peut être rempli par n’importe quel professionnel de la santé (médecins, personnel infirmier, personnel de soutien, etc.). Dans la plupart des hôpitaux, ce sont des infirmières qui posent les questions de dépistage durant la procédure d’admission.
d. De quelle façon le dépistage mènera-t-il à une évaluation?
L’évaluation des enfants « à risque » d’après l’outil de dépistage est une étape importante de la démarche P-INPAC. Les outils de dépistage permettent d’identifier la présence d’un risque, qu’il convient ensuite de confirmer à l’aide d’une évaluation. Les patients dont le résultat du dépistage est positif doivent être soumis à une évaluation plus approfondie, l’évaluation nutritionnelle globale subjective (ÉNGS).
Une diététiste peut se charger de l’ÉNGS et des autres évaluations visant à identifier et à diagnostiquer la malnutrition. Elle fera en sorte que les patients les plus à risque soient correctement identifiés et traités.
Afin d’assurer la bonne conduite du dépistage, il faut sensibiliser les professionnels de la santé qui réalisent les épreuves à ce qui suit :
- Importance du dépistage
- Définition d’un résultat de dépistage positif
- Rôle important de la diététiste
- Procédure d’orientation vers une diététiste
e. Comment mettre en œuvre l’utilisation d’un outil de dépistage?
La mise en œuvre nécessite ce qui suit :
- Réunir les principales parties prenantes autour de la même table pour déterminer l’outil de dépistage qui convient le mieux à l’établissement. Les principales parties prenantes sont les suivantes : médecins, diététistes (et autres membres pertinents du personnel de soutien nutritionnel), personnel infirmier, gestionnaires cliniques, programmateurs du dossier médical électronique (DME), éducateurs cliniques et autres membres pertinents du personnel de votre établissement.
- Sélectionner l’outil de dépistage que vous allez utiliser en fonction de sa simplicité et de sa convivialité pour garantir une meilleure adhésion
- Impliquer les formateurs ou confier à certains membres du personnel le déploiement de l’outil de dépistage et la formation requise, et inclure à la formation des exemples concrets, pertinents pour les services spécifiques, pour justifier la mise en œuvre de l’outil de dépistage
- Former le personnel infirmier, le corps médical et les diététistes à l’utilisation de l’outil de dépistage
- Intégrer l’outil de dépistage à l’évaluation initiale par le personnel infirmier dans la mesure du possible (de nombreuses questions figurant dans l’outil de dépistage font déjà partie de leur évaluation initiale, ce qui facilite la tâche aux infirmières qui remplissent le questionnaire)
- Nommer des champions (diététiste ou membre du personnel infirmier) dans chaque service une fois la formation achevée, pour entretenir un niveau élevé de motivation à l’égard de l’utilisation de l’outil de dépistage et pour tenir lieu de personnes-ressources en cas d’inquiétudes/de questions concernant son utilisation
- Réaliser des audits et obtenir de la rétroaction pour garantir la précision et l’exhaustivité du dépistage
- Offrir un soutien adéquat tout au long du processus de mise en œuvre; fêter les réussites et obtenir continuellement de la rétroaction sur la manière de rendre la procédure souple et efficace
Il existe plusieurs modèles pratiques de mise en œuvre du dépistage
Qui effectue le dépistage? |
Où se trouvent les questions? |
Comment la diététiste est-elle avisée? |
---|---|---|
Personnel infirmier |
Évaluation initiale (électronique) par le personnel infirmier |
Orientation (électronique) vers la diététiste pour une évaluation complète |
Personnel infirmier |
Évaluation initiale (électronique) par le personnel infirmier |
Examen initial par un médecin suivi de l’orientation vers une diététiste par le médecin |
Personnel infirmier |
Formulaire d’admission papier |
Le personnel infirmier communique avec la diététiste - OU - |
f. Comment utiliser les dossiers médicaux électroniques pour faciliter le dépistage?
Un dossier médical électronique (DME) offre la possibilité de véritablement intégrer le dépistage nutritionnel et d’autres éléments de la démarche de soins P-INPAC au travail des cliniciens. Les DME sont également l’occasion de colliger des données sur le dépistage nutritionnel et d’évaluer la conformité à la démarche de soins nutritionnels.19.
Il est essentiel de savoir quels outils peuvent être utilisés avec le DME pour faciliter le dépistage nutritionnel et, plus précisément, de déterminer si les outils qui suivent sont compatibles avec le DME :
- Soutien à la prise de décisions cliniques pour aider le professionnel de la santé à répondre aux questions de l’outil de dépistage
- Obligation de répondre aux questions de dépistage (« champs obligatoires »)
- Orientation automatique vers une diététiste en cas de résultat positif du dépistage
Déterminer avec l’aide de représentants d’autres disciplines de la santé et avec l’équipe chargée de l’exécution du DME si les outils peuvent être mis en œuvre dans votre établissement et s’ils s’intégreront aisément au flux de travail dans chaque discipline19.
g. Liens pour accéder aux références sur le dépistage de la malnutrition chez les enfants
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